Charles Lassailly

Charles Lassailly, né le 3 septembre 1806 au 16 de la rue Royale, à Orléans, mort le 14 juillet 1843 à Paris, , est un écrivain français.



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Charles Lassailly, né le 3 septembre 1806 au 16 de la rue Royale, à Orléans, mort le 14 juillet 1843 à Paris[1], [2], est un écrivain français. Classé le plus souvent parmi les «petits romantiques» et les «romantiques frénétiques», comme Philothée O'Neddy ou Xavier Forneret, il est en particulier connu comme auteur des Roueries de Trialph.

Biographie

Fils de Louis-Prosper Lassailly, un courtier de commerce, et de Louise-Angélique Margouillier, Lassailly est l'aîné de quatre enfants. Après de bonnes études, tandis que sa famille pensait qu'il s'orienterait vers la prêtrise, il entre comme commis dans la pharmacie de Jacques Montagnier, dont la boutique se trouve 8 place du Grand-Marché. Après avoir entrevu Hugo et Nodier de passage à Orléans en 1825, il décide de quitter la pharmacie et part, en juillet 1826, avec 50 francs accordés par son père en échange de la promesse d'aider ses frères et sa sœur Léonide, tenter sa chance à Paris, où il connaît la vie de bohème. Le 17 décembre 1829, suite à des difficultés professionnelles, son père se suicide en se jetant dans la Loire[3]. En janvier 1830, le mensuel La Psyché publie son poème Le Regret.

Se distinguant par son dandysme, il fait la connaissance de Victor Cousin, Alexandre Dumas, Alfred de Vigny, est admis en 1833 aux samedis de Gavarni, où il fait la connaissance de Balzac en 1834, et au salon de la duchesse d'Abrantès[4]. En août 1830, après les Trois Glorieuses, recommandé par Cousin, Lamartine et Hugo, il fait la connaissance de Villemain, membre du Conseil royal de l'Instruction publique, afin d'obtenir un emploi de bibliothécaire, en vain. Devenant journaliste, il s'épuise dans des travaux alimentaires[5], est publié dans l'Indépendant, L'Artiste, assure la rubrique des spectacles à L'Intransigeant, devient secrétaire à la Revue des Deux Mondes, donne des recensions bibliographiques au Messager de 1838 à 1840[4]. Cependant, le caractère épisodique de ces contributions ne lui permet pas de vivre réellement de sa plume.

Il appartient au groupe des Bousingos, groupe de jeunes romantiques excentriques des années 1830, parmi lesquels on trouve Petrus Borel, Alphonse Esquiros, Théophile Gautier ou Gérard de Nerval. Avec ses camarades, il participe à la bataille d'Hernani (25 février 1830), où, vêtu d'un gilet vert tendre[6], il se distingue par ses outrances[7], ainsi qu'aux premières de Marion Delorme au théâtre de la Porte Saint-Martin (11 août 1831) et du Roi s'amuse (22 novembre 1832) [8].

En 1832 paraît chez Renduel et Apportéer, l'éditeur des romantiques, Poésie sur la mort du fils de Bonaparte, qui annonce en quatrième de couverture la parution prochaine de deux romans, Robespierre, roman politique, et Jésus-Christ, roman philosophique, qui ne verront jamais le jour[9].

Après la parution chez Silvestre et Beaudoin des Roueries de Trialph, le 18 mai 1833, qui ne bénéficie d'aucune critique et ne rencontre pas le succès escompté, il prépare avec Gavarni et Antony Deschamps la création du Journal des gens du monde, journal artiste, fashionable, consacré à la littérature ainsi qu'à la mode, le 15 octobre. Rédacteur en chef, il est bientôt contraint de démissionner, mais continue à publier des articles, avant la disparition du périodique, en juillet 1834, au bout de 19 numéros. En 1834, il participe au magazine d'Édouard Pouyat, Les Étoiles, ainsi qu'à d'autres publications, surtout féminines, ainsi qu'au Monde dramatique de Gérard de Nerval, et participe, avec Borel, au Livre de beauté de Louis Janet[9].

En 1836, il fait la connaissance de lors d'un bal la comtesse de Magnencourt[10], qui lui inspire une passion muette[11]. Cette idylle aurait, selon certains, inspiré l'intrigue de Ruy Blas à Hugo[12]. De même, il passe pour avoir inspiré le personnage de Michel Chrestien à Balzac[13].

À plusieurs reprises, il tente de fonder ses propres revues, toutes au destin éphémère malgré leur ambition, faute d'abonnés, qu'il s'agisse d'Ariel, journal du monde élégant, créé avec Théophile Gautier ainsi qu'à laquelle contribuèrent Vigny et Musset, mais qui ne parut que du 2 mars au 7 mai 1836[14], [15], ou de la Revue critique, dont il était à la fois le directeur, le propriétaire et l'unique rédacteur[5], en janvier 1840 (ce mensuel n'eut que quatre numéros).

En 1839, il est employé comme secrétaire par Balzac, alors installé à la Maison des Jardies, pour l'aider dans la rédaction de l'École des ménages et participe à Mercadet, ou Le Faiseur[16]. Revenant sur cet épisode de sa vie, Lassailly expliquera avoir été réveillé jusqu'à huit fois par nuit pour, «le pistolet sous la gorge», inventer «le sujet d'un drame qui fasse courir tout Paris». Cependant, il décline l'offre de François Guizot, alors ministre de l'Intérieur, qui, en 1830, lui propose de devenir sous-préfet, de même que celle de Villemain, alors ministre de l'Instruction publique, qui, en 1839, lui ouvre les portes de l'enseignement, car, l'une comme l'autre, elles l'auraient éloigné de Paris et contraint à renoncer à une carrière littéraire, tandis qu'il est toujours persuadé que justice sera rendue à son talent. En même temps, s'il persiste dans l'activité journalistique, c'est qu'à ses yeux, l'art peut influer sur le réel[17].

Esprit tourmenté par la religion, obsédé par la pureté, enfermé dans l'illusion d'un dialogue avec de grandes figures de l'histoire, tandis qu'il vit dans la misère, il sombre dans la folie au début de mai 1840, à la suite du naufrage de la Revue critique. Grâce à l'intervention de Vigny, qui fait ce qu'il peut pour aider un Lassailly qu'il considère comme «encore un désolant exemple des supplices d'un travail excessif dans une organisation faible»[5], il obtient un secours du ministère de l'Intérieur et , le 12 mai 1840, Lamartine organise une quête à la Chambre des députés en sa faveur[18]. Il est admis dans la maison de santé du docteur Blanche, au n° 4 de la rue Traînée. Puis, en septembre, peut-être à l'initiative de Vigny, il devient pensionnaire du docteur Brière de Boismont, au 21 rue Neuve Sainte-Geneviève, près du Panthéon, où il demeure, outre quelques absences, jusqu'à sa mort, en 1843, à l'âge de 36 ans[19].

Républicain, il a facilité la formation de la légende napoléonienne avec ses poésies qui ont remporté un succès populaire. En particulier, il est l'auteur d'un roman où le héros reflète la tendance suicidaire de la génération romantique.

Pour Tristan Tzara, Lassailly est , avec Borel, de ceux qui «nous communiquent [... ] l'incapacité de la parole comme véhicule de la logique, d'exprimer des sentiments» (Essai sur la situation de la poésie, 1927) [17].

Œuvres

Auteur de quelques articles dans la Revue des Deux Mondes, il a publié en feuilleton plusieurs nouvelles dans le Siècle[20] :

Il a aussi collaboré au Livre de beauté, souvenirs historiques[21], à la Morale en action du christianisme[22], et publié l'Insouciance dans Le Dalhia, le Cadavre en 1834 et le Prolétaire dans la revue Les Étoiles, la nouvelle l'Homme de trente ans en 1837 dans la Chronique de Paris, journal de Balzac.


Le Camélia[23]
Chaque fleur dit un mot du livre de nature :
La rose est à l'amour et fête la beauté,
La violette exhale une âme aimable et pure,
Et le lis resplendit de sa simplicité.
Mais le Camélia, monstre de la culture,
Rose sans ambroisie et lis sans majesté,
Semble s'épanouir aux saisons de froidure
Pour les ennuis coquets de la virginité.
Cependant, au rebord des loges de théâtre,
J'aime à voir, évasant leurs pétales d'albâtre,
Couronne de pudeur, de blancs camélias
Parmi les cheveux noirs des belles jeunes femmes
Qui savent inspirer un amour pur aux âmes,
Comme les marbres grecs du sculpteur Phidias.


La Pâquerette[23]
Pâquerettes des prés, vos couleurs assorties
Ne brillent pas forcément pour égayer les yeux ;
Elles disent encor les plus chers de nos vœux
En un poème où l'homme apprend ses sympathies :
Vos étamines d'or par de l'argent serties
Révèlent les trésors dont il fera ses dieux ;
Et vos filets, où coule un sang mystérieux,
Ce que coûte un succès en douleurs ressenties !
Est-ce pour être éclos le jour où du tombeau
Jésus, ressuscité sur un monde plus beau,
Fit pleuvoir des vertus en secouant ses ailes,
Que l'automne revoit vos courts pétales blancs
Parlant à nos regards de plaisirs infidèles,
Ou pour nous rappeler la fleur de nos vingt ans ?


Le Cadavre (1834)
(extrait) [24]
Je suis du Peuple, moi;
Je suis de la canaille
Et comme Job le gueux, je chante sur la paille.

Notes et références

  1. Eldon Kaye, Charles Lassailly (1806-1843) , p. 135.
  2. Charles Louis Lesur, Ulysse Tencé, Victor Rosenwald, Hippolyte Desprez, Armand Fouquier, A. Thoisnier Desplaces, Annuaire historique universel, ou Histoire politique pour 1843, Paris, A. Thoisnier Desplaces, 1844, p. 403 : «? [jour du décès inconnu] Charles Lassailly, homme de lettres, mort à Paris».
  3. Né le 20 novembre 1777, Louis-Prosper est le fils de Charles Lassailly, négociant, et de Madeleine Husson. Il se maria le 27 brumaire an XIV (18 novembre 1805). Son corps fut retrouvé près de La Baule, où fut dressé le 19 décembre 1829 le procès-verbal. Voir Eldon Kaye, Charles Lassailly (1806-1843)  : 1806-1843, E. Droz, 1962, 145 pages, p.  10.
  4. Michel Brix, Nerval journaliste (1826-1851), problématique, méthodes d'attribution, Presses universitaires de Namur, 1986, 616 pages, p. 205-206 (ISBN 2870371535) .
  5. Loïc Chotard, «Pourquoi j'aime La Flûte» (pp. 327-339), dans Approches du XIXe siècle, Presses de l'Université de Paris-Sorbonne, p.  333 (ISBN 2-84050-168-6) .
  6. Eldon Kaye, Charles Lassailly (1806-1843) , p. 20-21.
  7. Voir Alexandre Dumas, Mes Mémoires, Paris, Michel Lévy frères, 1863, p. 17, sur l'échange que Lassailly eut avec l'académicien François-Auguste Parseval-Grandmaison au sujet d'une réplique, lors de la représentation.
  8. Correspondance de Balzac, Paris, Garnier, 1969, tome 3, p. 828 (ISBN 2737001935) .
  9. Thierry Galibert, «Charles Lassailly, repères biographiques», dans Charles Lassailly, Les Roueries de Trialph : Notre contemporain avant son suicide, Éditions Sulliver, 2006, 224 pages, pp. 217 et alii (ISBN 291119988X) .
  10. Marie-Elisabeth-Claudine Destutt de Tracy, fille unique de Victor Destutt de Tracy et de Sarah Newton, nièce du physicien, née à Paris le 30 juin 1817, mariée le 27 octobre 1835 à Flavien-Césaire-Emmanuel Henrion de Staal de Magnencourt.
  11. Eldon Kaye, Charles Lassailly (1806-1843) , p. 121.
  12. Maurice Tourneux, Revue d'histoire littéraire de la France, Paris, Armand Colin, 1894, p. 235 : «Ruy Blas est-il... Charles Lassailly? Cette idée est suggérée à M. Lebois par l'amour muet de Lassailly pour la comtesse de Magnencourt, tel que le rapporte la comtesse Dash», pseudonyme d'Anne-Gabrielle de Cisternes de Coutiras, vicomtesse de Poilloüe de Saint-Mars (1804-1872).
  13. Eldon Kaye, Charles Lassailly (1806-1843) , p. 88. On trouve ce personnage dans les Illusions perdues.
  14. Marcel Voisin, «La Pensée de Théophile Gautier», in Freeman G. Henry (dir. ), Relire Théophile Gautier, le plaisir du texte, Rodopi, 1998, 263 pages, p. 89, note 46 (ISBN 904200682X)
  15. Louise Bulkley Dillingham, The Creative Imagination of Théophile Gautier : A Study in Literary Psychology, Bryn Mawr College, 1927, 356 pages, p. 343. Lassailly est «chef de rédaction».
  16. Edmond Texier, Critiques et récits littéraires, Paris, Michel Lévy frères, 1853, 342 pages, p. 108.
  17. Thierry Galibert, «Charles Lassailly, l'an I du frénétisme littéraire», dans Charles Lassailly, Les Roueries de Trialph : Notre contemporain avant son suicide, pp. 7-25.
  18. Eldon Kaye, Charles Lassailly (1806-1843) , p. 88 et 128.
  19. Eldon Kaye, Charles Lassailly (1806-1843) , p. 131-132.
  20. Charles Monselet, Les galanteries du XVIIIe siècle, «Lassailly», p. 60.
  21. Le livre de beauté : souvenirs historiques, par Mme Tastu, MM. Bouilly, Gustave Drouineau («Agnès Sorel»), Henry Martin («Melle de Montpensier»), Jean-Pierre-François Lesguillon («Mme de La Vallière»), Étienne-Casimir-Hippolyte Cordellier-Delanoue («Marguerite de Montmorency»), Prosper Poitevin («Mme de La Fayette» et «Mme de Montespan»), Petrus BorelAnne de Bretagne»), Eugène Garay de Monglave («Marguerite de Valois»), Philippe Lavergne («Anne de Beaujeu»), Lassailly et Étienne Léon de Lamothe-Langon («La Déesse de Fontanges»)  ; avec une préface de Charles Nodier, Paris, L. Janet, 1834, XV-239 p.
  22. Morale en action du christianisme. Journal des beaux traits inspirés par la religion, où les faits viennent seuls démontrer la précieuse influence de la foi sur la conduite des hommes et sur le bonheur de la société, mensuel dirigé par A. Loyau de Lacy, 1835.
  23. Ce sonnet est paru dans les Illusions perdues de Balzac (1837). Voir la Correspondance de Balzac, Paris, Garnier, 1969, tome 3, p. 600-601.
  24. Cité par Pierre Citron, La Poésie de Paris dans la littérature française, tome 1, p. 368.

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